Les thèmes de l'œuvre : Le bonheur Dès le début Ismène parle du bonheur à Antigone : "Ton bonheur est là devant toi et tu n'as qu'à le prendre. Tu es fiancée, tu es jeune, tu es belle..." (p. 29), puis c'est au tour d'Hémon : "C'est plein de disputes un bonheur." (p. 38). Lorsque Créon lui parle du bonheur :
"Tu va me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c'est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n'est pas peut-être tout de même que le bonheur.", Antigone réagit, perdu : "Quel sera-t-il, mon bonheur ? Quelle femme heureuse deviendra-t-elle, la petite Antigone ? Quelles pauvretés faudra-t-il qu'elle fasse elle aussi, jour par jour, pour arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur ?" (p.92). Elle veut rester jeune : "Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! [...] Moi, je veux tout, tout de suite, - et que ce soit entier – ou alors je refuse ! [...] Je veux être sûre de tout aujourd'hui et que cela soit aussi beau que quand j'étais petite". (p. 95), elle refuse la médiocrité : "Hémon ne doit plus pâlir quand je pâlis, s'il ne doit plus me croire morte quand je suis en retard de cinq minutes, [...], alors je n'aime plus Hémon!" (p. 93). “la vie, ce n'est peut-être tout de même que le bonheur” A ces mots, Antigone se réveille : Créon lui propose un simple bonheur humain, prosaïque, banal, routinier,”qu'on grignote, assis au soleil.“ Elle refuse ce bonheur que Créon défend “comme un os” Elle, au contraire, elle est exigeante. Elle veut tout, tout de suite. Elle ne veut pas attendre. Le bonheur, enfin, pour elle c'est vivre ses rêves d'enfance et d'adolescente :”que cela soit aussi beau que quand j'étais petite”
Le bonheur? Un sujet vieux comme le monde. Qui n'a pas envie d'être heureux? Mais qu'est-ce que le bonheur? Et peut-on être heureux? "Le Petit Larousse" définit le bonheur comme un état de pleine satisfaction. Mais qui est pleinement satisfait de sa santé, de ses enfants, du gouvernement, de ses voisins? Et, bien entendu, de tout cela en même temps!
Le bonheur serait-il alors une idée négative? Proviendrait-il de l'absence de maux comme la guerre, le chômage, la malnutrition, les épidémies, l'hystérie footballistique, ou sur le plan personnel de l'absence des souffrances causées par la maladie (la drogue, l'alcool, le travail...), ou le téléphone portable? Ce bonheur par défaut serait déjà le paradis sur terre pour la plupart des gens. Mais ce serait compter sans les maux que nous nous infligeons à nous-mêmes: Que d'hommes causent leur propre malheur! «Le bonheur en cette vie ne consiste pas à être sans passions, il consiste à en devenir le maître".
Cela s'apprend-il? Je le pense, ou alors l'éducation est un vain mot. Comme l'histoire du monde serait différente si les hommes se rendaient les maîtres de leurs passions. Tel tue par jalousie, tel se ruine ou pour une femme ou pour un pays: on a cru qu'elles pouvaient apporter le bonheur. Soudain on ne le croit plus". Alors, le bonheur, une illusion? du cinéma? Restent ceux qui trouvent leur bonheur dans l'effort, l'aventure, le risque, à qui la vie paraîtrait fade sans ces piments. Ainsi rencontre-t-on des sportifs heureux de suer sang et eau sur un court; des navigateurs heureux de braver la mort pour rien, car à quoi sert de traverser un océan à la voile ?
On rencontre aussi des mères de familles harassées mais heureuses d'avoir élevé quatre, cinq, six enfants; ou des médecins sans frontières heureux de guérir, panser, ou aider à mourir, des jeunes et des vieux aux quatre coins de la planète...Mais il y a du bonheur dans le sacrifice, dans le don de soi à une cause ou à Dieu, ou dans l'humble devoir quotidien accompli. Quelle est la part de l'éducation, de la réflexion, du caractère dans le bonheur d'offrande? Le fait est qu'il existe. Dans la vie de tous les jours, existent de même ceux qui ont l'art - ou la chance - de voir les choses en rose, et ceux qui voient tout en noir. On ne peut rien pour ces derniers.
Peut-être que le bonheur n'existe pas. Qu'il n'existe que des moments de bonheur. Cette idée devrait nous aider à affronter les épreuves. A ne pas vouloir décrocher la lune. A se dire que le bonheur n'est pas un but en soi: L'idée d'un bonheur fou, total, hantera pourtant toujours les hommes.
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